Lilith, le temps de la lune noire

Ici, je partage parfois des réflexions au sujet de mon humble expérience humaine.

Il ne s’agit pas de faire leçon ou de m’épandre plus que de besoin.

Mon ambition est de témoigner.

Témoigner d’une expérience humaine avec des outils peu usités, souvent marqués de symbolisme et d’exotisme, sans prétention.

Je parle ici pour moi, comme toute parole et peut être, pour quelqu’un qui saura trouver en ces mots, ces comptes rendus, une idée, une piste pour éclairer son propre chemin.

Ce qui suit n’est pas prescriptif, il n’a valeur que de dire sous un angle particulier ce qui peut constituer un événement de la condition humaine.

De l’individu à l’humain.

J’avais récemment évoqué la crise de la quantequatraine qui se présentait et le sentiment de mort profonde, intime et terrible que je ressentais.

J’avais nommé pluton, le grand décapeur, comme source de cette radicale remise en cause de qui j’étais.

Après avoir reçu l’aide de personnes éclairées et après quelques réflexions, il appert que ce n’est pas pluton qui agit en ce moment, dans cette tranche de vie et dans une approche astrologique.

Il s’agit de Lilith, le nom donné à la lune noire.

Lilith, lune noire, des mots qui sont rarement employés dans le champ commun.

Je nous propose une ballade dans ces terres de vide.

Lilith est traditionnellement la première femme d’Adam.

Rebelle, elle fût chassée du jardin d’Eden et Dieu prit une côte d’Adam pour créer Eve, qui elle, issue de la nature soumise d’Adam, saurait peut être se tenir à carreau.

Eve finit par faire une bêtise sans toutefois avoir exprimé d’autre volonté que laisser la voie à la tentation.

Lilith avait ses propres désirs, revendiquait sa liberté et représente peut être ainsi la première féministe de l’histoire de la création.

Elle a donc été démonisée.

Et c’est ainsi que l’on nomme la lune noire.

La lune noire n’est pas un objet astronomique tangible, elle n’a pas de masse.

Elle est un point dans l’espace qui rééquilibre le chemin de la lune par rapport à la terre.

Ainsi, la course de la lune ne répond pas à la seule gravité de la terre si bien qu’il a été nécessaire de déterminer un point dans l’espace qui marquait la double gravité utile pour expliquer cette anomalie.

Schématiquement, cela se présente ainsi :

A gauche la terre et à droite, une croix surmontée du symbole lunaire, le point dans le vide qui justifie le cheminement lunaire au regard de ce que l’on sait sur les lois cosmiques et la gravité.

La lune noire est la lumière froide de la lucidité.

Elle convoque au tribunal des illusions.

En ce sens elle incite à ne conserver que l’essentiel et à dépouiller tout ce qui ne l’est pas, à devenir qui tu es.

Les croyances, les illusions dont on se berce, les choses que l’ont croyait dur comme fer, les assurances issues de l’expérience humaine, rien ne tient, tout est balayé.

C’est qu’elle renvoie à un point dans l’espace, dans le vide cosmique.

Nous ne sommes pas équipés pour le vide, nous sommes des êtres soumis à la gravité, ancrés.

Le contact avec Lilith ouvre les portes de l’absolu du vide et projette l’être dans la réalité du cosmos.

D’un coup, il n’y a plus de sol sous les pieds, plus de certitude, plus d’espoir : le moi se dissout.

La gravité n’est plus le centre de l’être.

Ressentir à chaque instant le vide dans son ventre, sentir se disperser ce que l’on croit être, se désagréger dans une dispersion infinie, la lune noire est sans partage ni compassion.

Elle révèle notre nature profonde dans la confrontation de l’être au néant.

C’est ainsi que je demandais “mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné ?”.

J’ai découvert peu après que c’est le début du psaume 21, que je ne connaissais pas, qui traite justement de cette expérience sous l’angle de la foi.

Car il s’agit d’abandon, la solitude est manifestée dans le rapport au vide.

Il n’y a ni parent, ni ami, nulle chaleur ni espoir.

Il n’y a que l’indicible vacuité, le néant en soi.

Un miroir silencieux.

Il n’y a pas d’option, pas de choix, seulement la mort du confort de l’être construit jusqu’alors.

Il n’y a pas d’autre voie que l’abandon, de tout.

Je n’ai gardé qu’une chose dans ce voyage, une chose qui était de moi et qui n’était pas que de moi, une chose qui transite en permanence et qui ne pouvait ainsi être soumise à la loi.

Propulsé dans ce point de l’espace, je n’ai vu au début que l’obscurité dans laquelle j’étais. C’était surtout la représentation que j’en avais.

Ce week-end, un croissant de lune apparaissait dans la lumière du jour.

Connectant mon plexus solaire empli de vide au point de la lune noire dans l’espace situé quelque part entre la course de la lune et moi, j’ai compris que ce point n’était pas si éloigné de la terre et qu’il était soumis à l’alternance de jour et de nuit.

C’est une grande satisfaction de se dire que ce point est susceptible de vision, comme dans une proportion humaine finalement.

Que la patrie qui est mienne en ce moment et que je n’ai pas choisie reçoit la douceur de la chaleur des rayons solaires.

Je commence à peine à rassembler des morceaux de moi, épars et transformés et il n’est pas exclu que cet assemblage se disperse à nouveau dans les semaines à venir.

Mais plus totalement, je le sais à présent.

Encore quelques semaines puis mon ciel s’apaisera.

Je ne suis pas devenu étranger à moi même, je ne suis plus qui j’étais et demeure pourtant.

J’apprends à ce que l’amour n’est pas que la satisfaction d’un désir mais le don que l’on fait et le don que l’on reçoit.

Donner et recevoir.

Même dans le vide, le mouvement de l’amour demeure.

C’est l’essentiel qui m’apparaît.

 

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luvsheep

Du luv et du sheep, plus de politique ou de juridique, ces distractions pour grands enfants.

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